Cabo Verde 2018
Un parfum d’inachevé
Une semaine en all-inclusive sur l’île de Sal
Localisé au large des côtes Africaines et face au Sénégal, l’archipel du Cap-Vert est découvert au XVe siècle par des explorateurs Génois et Portugais vers 1456.
Inhabité à sa découverte, c’est en 1462 que les premiers colons s’installent à Santiago et fondent Ribeira Grande, la première colonie. Qui dit colonie, dit traite négrière. C’est de ce commerce que le Cap-Vert va vivre pendant des siècles ainsi que de son positionnement stratégique transatlantique (ce qui occasionne aussi de nombreux pillages, Francis Drake, célèbre corsaire Anglais pillera par 2 fois Ribeira Grande).
Au XIXe siècle, le commerce des esclaves décline, l’économie vivote cependant grâce au positionnement stratégique de l’Archipel, qui devient un important centre commercial de réapprovisionnement des navires.
Après 500 ans de colonisation, c’est en 1975 que le Portugal reconnait la souveraineté et l’indépendance du pays. Deux ans après son assassinat, Amílcar Cabral aura réussi post-mortem le combat de sa vie, après avoir tenté de manière pacifique, puis par la lutte armée. Exsangue, le régime dictatorial de Salazar avait déjà déposé les armes au Portugal lors de la Révolution des œillets le 25 avril 1974, ce n’était alors plus qu’une question de temps pour que la décolonisation ne s’opère. L’année 1975 verra donc la Guinée-Bissau, le Mozambique, le Cap-Vert, Sao-Tomé-et-Principe et l’Angola récupérer ou prendre leur indépendance.
Aujourd’hui, le Cap-Vert est considéré comme la démocratie la plus exemplaire du continent Africain (devant la France, par exemple…) : réelle alternance politique, liberté de la presse, prestations sociales dignes des pays occidentaux (assurance chômage, égalité et gratuité des soins, école gratuite et obligatoire…), utilisation des énergies renouvelables…
Son économie est majoritairement basée sur le commerce et le tourisme, mais la faiblesse de ses ressources naturelles, en particulier les nombreuses pénuries d’eau font du Cap-Vert un pays qui reste dépendant des aides internationales.
L’archipel du Cap-Vert est situé dans l’océan Atlantique, à 571 km de la côte ouest de l’Afrique. Il est composé de dix îles, dont neuf sont habitées, et de plusieurs îlots
- Santiago est le centre économique du pays. Avec 273 919 habitants, Santiago accueille plus de la moitié (55 %) de la population du pays dont la capitale Praia qui compte à elle seule près de 132 000 habitants. On y trouve l’un des quatre aéroports internationaux du Cap-Vert. Sa principale ressource économique est l’agriculture avec notamment la culture du maïs, de la canne à sucre, de la banane, de la mangue et du café.
- Santo Antão est la plus étendue des îles de Barlavento. L’agriculture est la principale ressource de l’île. C’est une île entièrement d’origine volcanique qu’une chaîne de montagne considérée longtemps comme infranchissable divise en un versant nord et un versant sud. Ces versants offrent un aspect bien différent. Tandis que le nord est verdoyant et couvert de cultures en terrasse, le sud est minéral et désertique.
- Boa Vista (belle vue en Portugais) est la troisième plus grande île de l’archipel. La distance entre Boa Vista et le Sénégal n’est que de 450 km. Boa Vista est surtout connu pour la nombreuse présence des tortues, sa musique traditionnelle mais les gens associent Boa Vista surtout avec ses magnifiques plages infinies et ses dunes.
- Fogo dont le volcan qui domine l’île, le Pico do Fogo, est un volcan actif. Sa dernière éruption remonte à 2014. Sur ses pentes est produit le vin de Fogo, unique vin produit sur l’archipel du Cap Vert de nos jours.
- São Nicolau est l’une des îles de Barlavento situées au nord de l’archipel du Cap-Vert ; elle est à l’est de l’île de Santa Luzia. L’île est desservie par l’aérodrome de Preguiça.
- Maio : son point culminant est le Monte Penoso qui s’élève à 436 m d’altitude. L’île est soumise à l’érosion du vent et ne présente aucune traces de son passé volcanique. Son climat est aride et son sol très calcaire. Quelques oasis de cocotiers se trouvent au sud ainsi qu’une cinquantaine d’hectares de terres arables et la plus grande forêt reconstituée du pays.
- São Vicente est la seconde île la plus peuplée de l’archipel. Mindelo, la ville principale de l’île et seconde ville du pays, concentre une grande partie de la population de l’île avec 72 300 habitants. Au sud de l’île se trouve l’Aéroport international Cesária Évora. La ville de Mindelo est connue comme la capitale culturelle du Cap-Vert.
- Sal doit son nom actuel à la découverte de sel à Pedra de Lume en 1833. L’exploitation dura jusqu’au milieu des années 1980, ce qui fit venir du monde sur l’île auparavant peu peuplée. L’Aéroport international Amílcar Cabral, construit en 1939 comme aéroport d’escale vers l’Amérique du Sud provoqua une migration interne vers Sal, principalement de São Nicolau. Depuis une vingtaine d’années le tourisme se développe également principalement à Santa Maria dans le sud de l’île.
- Brava est une île volcanique située au milieu de l’océan Atlantique, c’est la plus petite île habitée du Cap-Vert. Découverte en 1462, à l’origine son nom était São João (Saint Jean) car l’île a été découverte un 24 juin. Occupée à partir des années 1540, sa population s’accroît après l’éruption en 1675 du Pico do Fogo sur l’île voisine de Fogo.
- Santa Luzia est la plus petite des îles de Barlavento situées au nord de l’archipel du Cap-Vert. Dépourvue d’arbres et d’eau, elle est aujourd’hui inhabitée.
Le Cap-Vert est un archipel de 10 îles assez proches, mais pas suffisamment pour se permettre de les rejoindre par bateau.
Ce détail a son importance, car la circulation entre les différentes îles prend plusieurs heures par bateau, mais bien plus court par avion. Le problème étant que les vols internes sont proposés à des tarifs prohibitifs (on ne parle pas ici d’un pass navigo pour prendre le métro, mais de centaines d’euros / milliers d’escudos pour circuler). A partir de là, on se dit : j’espère que j’ai choisi la bonne île pour mon lieu de villégiature.
Dans mon cas, raté. Nous avons séjourné une semaine sur l’île de Sal. Pour la faire courte, c’est l’île ou sont massés les complexes hôteliers, et ou il n’y a rien à faire d’autre que de se prélasser sur un transat à la plage (y’en a qui aiment, je ne juge pas).
D’une nature plutôt vagabonde, autant dire que nous avons (très) rapidement fait le tour de l’île. Je vais quand même tenter de vous montrer ce qui était intéressant sur l’île de Sal, et ce qui l’était moins, en espérant, peut-etre un jour, y retourner pour voir les îles les plus intéressantes.
Une semaine dans un complexe hôtelier en all-inclusive orienté famille n’est clairement pas le meilleur plan pour découvrir un pays et sa culture (mais quand on tombe sur une promo intéressante, on se tait et on prend).
Pour résumer la semaine : mojitos à volonté, buffets remplis d’allemands avec de la nourriture espagnole, piscines, GO du Club Tui / Look Voyages, plage…
Mais aussi excursion d’une journée pour visiter l’île en entier, découverte de la saline de Pedra de Lume, de la « grande » ville Espargos, visite de Palmeira, le petit village de pêcheurs, émerveillement de courte durée devant le « Olho Azul » de Buracona (cavité rocheuse dans laquelle un puits de lumière plonge et y dévoile l’eau cristalline) et visite de la ville de Santa Maria située au Sud.
Une superbe journée de visite grâce au guide Français installé là-bas depuis 30 ans et qui avait son île en amour… Mais pas aveugle et conscient des bonnes et mauvaises choses qui s’y passent.
Niveau climatique, c’est l’île parfaite. La météo y est bonne toute l’année, entre 25 et 30°, assez venteux, c’en est encore plus traître. Les coups de soleil ne se sentent pas arriver, on les voit lorsque c’est trop tard. La biafine est inutile, le mieux pour traiter est l’aloe vera, vendu dans des magasins sur place. A utiliser en abondance, et toujours faire très attention au soleil (ne pas oublier que nous sommes en Afrique).
L’île de Sal est une île très pauvre, très aride. Les habitants (les vrais Cap-verdiens) y travaillent à la très grande majorité dans les complexes hôteliers sur place.
D’une nature plutôt calme, ils sont malheureusement les premiers à subir les nuisances des Sénégalais. Ceux-ci s’installent sur l’île pour gratter des pépettes, en cassant régulièrement les couilles des touristes. Visibles à chaque lieu de passage, ceux-ci usent et abusent de l’anglais / français / toute langue possible et imaginable pour vendre leurs grigris en bois / babioles made in China, de façon plutôt agressive. Même en leur parlant Portugais pour les inviter à aller se faire foutre, ils restent combatifs, tel un Ngolo Kanté des grands soirs. Usant.
L’aridité de l’île est telle que les locaux n’ont pas d’eau potable. Il existe pourtant une usine de désalinisation de l’eau la rendant « consommable » (tout est relatif, les locaux pourraient la boire et s’en sortir, nous c’est 1 semaine de napalm qui sort du cul garanti), mais étonnamment celle-ci est réservée aux complexes hôteliers. Pourtant, on nous déconseille de la boire à l’hôtel et de préférer les vraies bouteilles d’eau fournies. En gros, les habitants de l’île de Sal vivent avec de l’eau impropre pour boire, se laver et vivre, tandis que les hôtels ont droit à de l’eau traitée, juste pour que les touristes prennent leur douche…
C’est là le point le plus négatif de mon séjour sur place, ce constat d’être un privilégié européen qui descend voir le petit peuple (pour rester poli)…
Un peuple d’une grande discrétion, sans la moindre once de racisme (d’anciennes colonies devraient en prendre exemple) que l’on prive d’un droit des plus élémentaires uniquement pour donner la priorité aux touristes.
Un autre carton rouge aux complexes hôteliers qui détériorent l’île petit à petit, en enfouissant des tonnes de déchets… qui remontent à la surface et polluent le paysage, charriés par le vent….
Je précise bien que je parle UNIQUEMENT de mon ressenti sur l’île de Sal, je n’ai pas visité les autres îles, en espérant que le traitement y soit différent.
C’était une semaine intéressante, je ne boude pas mon plaisir d’avoir pu profiter du soleil en avril, à seulement 5h de Paris, dans des conditions globalement positives et confortables. C’était assez pauvre culturellement, car nous n’étions pas sur l’île la plus authentique (et c’est rien de le dire), mais les conditions de vie des habitants laissent à sérieusement réfléchir et les belles rencontres que nous y avons faites nous laissent un goût quand même positif.
Sodade… sodade…